lundi 19 juillet 2010

Trois spectacles très différents

Toujours la même chaleur sur Avignon. L'accumulation laisse quelques traces !

A côté de nombreuses réunions de travail (Avignon est un lieu de convergence de programmateurs et organisateurs), j'ai vu aujourd'hui trois spectacles très différents.

Dans LE CARCAN, j'ai eu le plaisir de retrouver deux jeunes (étudiants en théâtre) qui ont participé précédemment aux activités de Promotion Théâtre : Amandine Laval et Antoine Colla. Sympa de les voir défendre ici, dans une toute petite salle (une vingtaine de chaises tout au plus), avec beaucoup de cran et de rigueur un spectacle mis en scène par Serge Collard. Une belle (et éprouvante) expérience dont ils tireront certainement profit dans leur carrière débutante.

Après avoir vu DISPARUS, j'avais évidemment envie de découvrir le spectacle LA REVANCHE DE MACBETH de l'ensemble Leporello. Je n'ai pas été déçu. Quelle énergie, quelle envolée, quelle maîtrise du travail corporel ! Avec en prime un jeu intelligent avec une langue française matinée d'accent flamand et d'expressions en vieux français. Oui, d'accord, Shaekespeare doit se retourner à plusieurs reprises dans sa tombe mais tant pis pour lui : sa saga sanguinaire et sanguinolente, aux multiples ralonges, mérite aussi qu'on prenne quelques distances avec le sérieux du propos. Aux côtés du metteur en scène Dirk Opstael qui s'est attribué le rôle de Macbeth dans un style très "Groucho Marx", l'équipe de comédiens et de comédiennes suit le rythme avec talent, que ce soit dans le jeu ou dans les chants (la plupart du temps en flamand). Un bravo aussi aux trois musiciens excellents.

Oui, vraiment, j'ai passé un bon moment de détente intelligente. C'est ça aussi Avignon !

Enfin, à l'invitation de Pierre Chabert qui m'avait jadis accueilli en Guyane dans le cadre de ses fonctions de conseiller culturel français, j'ai terminé la journée avec ANTIGONE A NEW YORK de Janusz Glowacki, mis en scène par Ewlyne Guillaume et créé à Saint-Laurent / Maroni. Un spectacle dur, noir, mais aussi profondément humain qui parle de ceux qui n'ont que la rue comme refuge précaire. Les trois comédiens campent des personnages à la fois complexes et énigmatiques, partagés entre leur désir d'aimer et celui d'en finir avec une existence qui les a transporté vers ce qu'ils croyaient être un paradis, et qui se révèle au moins aussi vide d'espoir que leur point de départ.

Etre capable de passer dans la même journée d'une joyeuse et épique cavalcade à un spectacle sombre et profond, et apprécier les deux, c'est sans doute cela aimer le théâtre.

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