jeudi 31 mai 2012

Rencontres, lectures... et surtout L'AFFICHE !

Ce jeudi, après plusieurs entrevues personnelles intéressantes, l'équipe du Carrefour m'avait fait l'honneur de me proposer d'animer une rencontre sur le thème REGARDS CROISES SUR LES DRAMATURGIES EN FRANCOPHONIE. Avec comme invités (de G à D sur la photo) Béleck Georges, Amoussa Koriko, Denis Rouleau, Carole Fréchette, Bernard Faivre d'Arcier et Michel Ouelette. Pendant plus de 90 minutes, nous avons échangé sur l'inspiration des auteurs, leur manière d'ouvrir leur fenêtre sur le monde, leur appropriation du vécu de l'autre pour parler d'eux-mêmes, etc. etc. Ce fut captivant... du moins pour moi. Mais je pense que les nombreux professionnels présents ont aussi beaucoup apprécié si je juge par leurs aimables commentaires.


Ensuite, j'ai pu assister à trois lectures de pièces en chantier préparées dans le cadre d'un "laboratoire de création" proposé par l'Association des Théâtres francophones du Canada chère à l'ami Alain Jean. Belle énergie pour défendre ces textes en écriture. Mais - à l'exception de celui de Michel Ouelette qui explore des champs tout à fait personnels - on se retrouve de nouveau devant les mêmes thématiques et les mêmes développements que dans des dizaines de pièces nord-américaines déjà lues, vues, entendues. Deux frères que les travers de la vie ont séparés et qui s'opposent dans un contexte social et familial très lourd, sans véritable avenir. Sans doute me donnera-t-on une explication. Mais j'avoue que personnellement je n'arrive plus vraiment à me captiver pour ces histoires ressassées écrites aujourd'hui mais datées avant même d'avoir vu le jour. Suis-je dur envers les jeunes auteurs ? Qu'ils sachent que ce n'est pas la qualité de leur écriture qui est en jeu : je les trouve plutôt brillants à mener leurs personnages et à structurer leurs pièces. Et surtout que je pense la même chose de certains de leurs aînés qui s'autoplagient vingt ans après leurs premiers succès... en profitant de l'amnésie bien connue du milieu théâtral !


En soirée, j'ai enfin vu L'AFFICHE de Philippe Ducros. Là, pour le coup, c'est une rupture complète avec ce qui s'écrit généralement au Québec. J'ai publié cette pièce en 2009. J'ai l'impression qu'elle est encore plus d'actualité aujourd'hui qu'au moment de son écriture. Hélas ! Car le conflit israëlo-palestinien n'a fait que s'enliser depuis, les colonies n'ont cessé de fleurir, et les points de vue de s'écarter. Spectacle coup de poing, dur à encaisser, mais parfaitement intégré par des comédiens qui ont su s'approprier l'aspect morcelé du récit et surtout la puissance du non-dit qui reflète une certaine forme de culture. D'accord avec un interlocuteur : difficile de se mettre à applaudir à la fin parce qu'on sait que même s'il s'agit d'une fiction bien documentée, la réalité est pire encore sur le terrain. Mais si on le fait quand même, c'est pour souligner le courage de Philippe et de ses comédiens de dire et redire l'indicible chaque soir.

Photo : VOIR

Signalons que le spectacle sera à l'affiche des prochaines Francophonies à Limoges. A ne pas rater.
A lire aussi les deux "carnets" du même auteur parus chez nous : La rupture du jeûne et Les lanceurs de pierre.

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