vendredi 10 juillet 2009

AVIGNON : Jeanne Moreau dans la Carrière Boulbon

Il est, en Avignon, des lieux chargés d'une telle histoire théâtrale qu'ils provoquent à eux seuls une émotion. C'est le cas de la Carrière Boulbon où j'ai pu voir le fameux et magique Mahabharata mis en scène par Peter Brook. Une nuit complète, du coucher au lever du soleil, avec un spectacle sans cesse renouvelé, tenant le spectateur en haleine à tout instant, ça ne s'oublie pas. Y retourner est donc toujours un événement. Même si ce n'est plus tout à fait la même carrière, même si s'installer au parking tient aujourd'hui du rodéo avec des agents de sécurité un peu dépassés et pas très agréables... même si on sait d'avance que le spectacle n'est pas "au top" puisque la presse s'est globalement déchaînée - au point d'être odieuse à certains moments - sur cette création qui avait l'honneur d'inaugurer le festival. Et de fait, cette "lecture à plusieurs voix, avec musiciens et chanteurs", n'entraîne pas un enthousiasme débordant. Mais quand même ! Retrouver Jeanne Moreau dans le rôle de lectrice principale est en soi un événement. Certains "travellings" réussis rappellent aussi qu'Amos Gitaï est un homme de cinéma fort intéressant. Et les voix des deux chanteurs - surtout de la chanteuse confinée dans l'ombre, dont la voix cristaline résonne magnifiquement dans cette carrière -, bien soutenues par le groupe de musiciens, ont de quoi provoquer quelques frissons. Dire que le texte de Flavius Josèphe (qui a servi de base au spectacle) est passionnant, je n'irai pas jusque là. Surtout dans la dernière partie sur Massada dont on aurait sans doute pu faire l'impasse compte tenu de la redondance mot pour mot avec certaines séquences précédentes. Mais il faut le reconnaître : ce texte résonne d'une profonde actualité sous certains aspects. Au spectateur de faire le pont. Bref, ni tant d'amour, ni tant de haine que dans la presse pour LA GUERRE DES FILS DE LUMIERE CONTRE LES FILS DES TENEBRES. La magie du lieu et la qualité des interprètes l'ont emporté à mes yeux, même si le spectacle n'entrera pas au panthéon de mes grands moments à Avignon.

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