lundi 19 novembre 2012

Deux textes de qualité montés avec intelligence et sensibilité

Le texte AUTOPSIE D'UNE NAPKIN a valu, très récemment, à son auteure Erika Tremblay-Roy le Prix Louise-Lahaye de la Fondation du CEAD. J'étais donc intéressé de voir ce spectacle au titre étrange (pour nous Européens). Huis-clos d'une famille dans une caravane résidentielle qu'elle fréquente depuis des lunes. Famille idéale, unie, qui a les moyens... sauf que tout cela n'est qu'apparences. Le père travaille comme un fou et est quelque peu autoritaire ; pour le bien de ses enfants évidemment. La mère est un modèle de vertu et de fidélité... même si l'oppression du carcan habituel l'a poussé - hé oui - à vivre une aventure furtive. Le fils, à force de respecter l'autorité, est devenu le souffre-douleur de son entourage ; mais il a mal en silence. Et elle, l'adolescente, elle piaffe de révolte mais a jusque-là joué le jeu tout en confiant sa rage à des serviettes en papier, napkins réceptacles de son désir de s'évader. Vingt-et-un jours de pluie vont avoir raison de la comédie que chacun se joue. Petits drames personnels, tensions contenues, désirs cachés... tout est là pour toucher au coeur des relations familiales et déclencher un vrai débat salutaire ; d'autant que l'histoire (noire) se termine quand même par une touche d'espoir. Belle proposition aux échos universels !




En publiant LE PLUS COURT CHEMIN ENTRE L'ECOLE ET LA MAISON, de Jean-Rock Gaudreault, je m'étais posé beaucoup de questions sur ce que ce monologue pourrait prendre comme tournure sur scène. Jacinthe Potvin (aidée par Yves Dagenais à la mise en scène) relève le défi. Et plutôt bien. Il faut dire que la pièce a été écrite pour son retour sur les planches après de nombreuses années à diriger les autres au sein de la compagnie "Mathieu, François et les autres" spécialisée dans la création des textes du même auteur. 

Pathétique, cette "vieille petite fille" qui n'a jamais osé mettre le nez dehors par crainte de la société, est considérée comme une sorcière par les gamins du quartier. Elle passe sa vie à observer tous ceux qui passent sur "son chemin", un raccourci qui mène à l'école. Tous, mais surtout celui dont elle est secrètement amoureuse depuis l'enfance et qui est aujourd'hui le directeur de cette école. Emouvant, drôle, sensible, pathétique, ce monologue, lorgnant du côté de la vieillesse et de la solitude, est comme un rêve éveillé qui nous clame le bonheur d'aimer... par procuration.

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