mercredi 14 novembre 2012

L'univers onirique et passionnant de Réjean Ducharme

Pour des programmateurs ou observateurs étrangers, il est toujours frustrant d'assister à un festival en voyant des spectacles venant d'un peu partout (y compris de chez soi) sans pouvoir vraiment prendre le pouls de la création locale. C'est ce que La Maison Théâtre, Les Gros Becs, Les Coups de Théâtre et L'arrière-scène ont bien compris en organisant un "FOCUS QUEBEC JP" dans le cadre du festival auquel nous sommes conviés. Pas moins de 8 spectacles québécois nous seront ainsi montrés en 3 jours. Merci et bravo pour cette initiative.

Le premier, LE TEMPS DES MUFFINS, m'a permis de retrouver Joël Da Silva (Théâtre Magasin) que nous avions accueilli en Hainaut voici... oh... au moins vingt ans avec sa NUIT BLANCHE DE BARBE-BLEUE.
Spectacle ludique (qui s'adresse aux 4 à 6 ans) fait de mots, de sons et d'images : sous prétexte de confectionner des muffins à la mode d'autrefois, un cuisinier joue avec les rythmes et les associations d'idées dans un dispositif à la fois simple et ingénieux qui lui permet de raviver l'intérêt à chaque instant. Si ça et là, un petit "message" s'incruste comme une odeur de farine, la proposition est pleine de fantaisie et de trouvailles qui la rendent sympathique et captivent l'attention des enfants.

Le deuxième, L'OCEANTUME (Théâtre Le Clou), explore l'univers d'un des romans de Réjean Ducharme où les jeunes "héros" refusent de vieillir et sont prêts à tout pour garder cette capacité d'imaginaire qui les distingue de la majorité des adultes. La langue est belle et poétique ; il ne faut guère de temps pour comprendre qu'on va naviguer dans les eaux troubles des passions adolescentes portées davantage vers l'idéalisme que sur le rationnel du quotidien. J'ai pour ma part adhéré dès le départ à l'incongruité métaphorique de l'histoire et me suis laissé séduire par la parole de ces jeunes comédiens guère beaucoup plus âgés que les spectateurs auxquels ils s'adressent. Avec une réserve personnelle (et sans doute culturelle) : la charge caricaturale et burlesque dans la composition des personnages ne me semble pas indispensable. Elle freine, me semble-t-il, la pleine approche poétique de la "fuite initiatique" à laquelle nous assistons. Un thème qui n'est ni neuf, ni original en soi, mais qui revient au premier plan du théâtre pour enfants et adolescents sous tous les cieux. Une manifestation sans doute du mal-être qui fleurit de manière cyclique dans nos esprits d'adultes déboussolés face l'avenir que nous réservons à ces jeunes.

Pour terminer la soirée, j'ai vu un spectacle de danse Hip-Hop de la Cie du Sillage (France) : CES DEUX-LA ! Avis très mitigé. Mais bon... je connais mes propres limites.


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