TUNIS / JTC : Jalila Baccar et Fadhel Jaïbi nous ont invité à découvrir - parallèlement à la programmation des JTC- Journées théâtrales de Carthage أيام قرطاج المسرحية - leur nouvelle pièce, VIOLENCE(S), qui a été créée en septembre au PICCOLO TEATRO de Milan. Un spectacle qui porte bien son nom puisqu'il évoque les petites et grandes souffrances que l'homme fait endurer à ses semblables avec une cruauté sans limite. On parle bien sûr de la Tunisie pré- et post-révolutionnaire mais le sujet est hélas tellement universel que chacun y reconnaîtra des situations vécues, réellement ou par procuration.
J'ai retrouvé la rigueur, la tension extrème entre les personnages, la qualité du jeu, la puissance du propos que j'avais déjà appréciées dans les précédentes productions. Le choix des courtes séquences dramatiques emblématiques est impressionnant et révèle une fois de plus la puissance évocatrice du théâtre quand il est maîtrisé avec intelligence et sobriété. Les silences sont d'une grande efficacité et laissent aux spectateurs le temps et l'opportunité de se faire leurs propres images, leurs propres renvois à ce qu'ils ont lu, vu et - pour certains - vécu.
Un portrait intranquille d'une société violente mettant à nu ce que l'homme et le système peuvent inventer pour briser ceux qui refusent l'ordre établi, la tradition, la soumission à tous les niveaux.
Bref, un moment fort, qui - mais c'est seulement un point de vue personnel - aurait encore plus d'impact s'il arrivait à maîtriser la durée raisonnable des coups de poing successifs et salutaires qui nous coupent le souffle et nous laissent sans voix.
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