vendredi 4 décembre 2009

David Paquet, Marine Haulot et PORC-EPIC !



Il s'appelle David Paquet, il est Québécois, à peine sorti de l'Ecole Nationale de Théâtre du Canada, et le voilà invité en Belgique pour la création de sa pièce PORC-EPIC. Lui-même s'étonne encore de la rapidité avec laquelle les choses se passent pour lui. C'est ce qu'il a avoué lors de l'entretien  très convivial que j'ai eu le plaisir d'animer ce samedi à l'Atelier 210. Sa force tranquille et souriante fait mouche, touche le public quand il se raconte, quand il essaie de se replonger dans ses premières pièces qui datent seulement de quelques années. C'est homme-là ne se prend pas encore trop au sérieux, c'est ce qui nous séduit Il a des choses à dire, et a depuis toujours son propre style pour nous les raconter.



Au cours de cette sympathique rencontre, Marine Haulot et une belle équipe de lecteurs nous ont également fait entendre des extraits de trois pièces de David Paquet. Un exercice difficile et pourtant pleinement réussi puisque chaque court extrait prenait une couleur différente et permettait de déceler à la fois les rapprochements possibles et les diverses directions que l'auteur tente d'explorer.



Mais bien évidemment, le clou de la soirée, c'était le spectacle PORC-EPIC nouvellement créé. Une première mondiale en français, si on excepte un travail d'étudiants lorsque David terminait ses études.



En fait, nous étions ensemble à la semaine de la dramaturgie du CEAD en 2007 lorsque Marine a découvert ce texte. Je me souviens de sa réaction : sans parler de coup de foudre, c'était quand même un choc... que je partageais pleinement. Cette semaine reste d'ailleurs un souvenir marquant (et épuisant) puisque je l'avais entraînée à la rencontre de dizaine "d'acteurs" du théâtre québécois, comme (ci-dessous) Jean-Rock Gaudreault et François Archambault sous l'oeil de Bernard Sauvé qui nous a tous marqué lors de son long passage à la Délégation générale du Québec à Bruxelles (ceci se veut un petit clin d'oeil à un homme qui a fait beaucoup pour nous faire connaître le théâtre québécois et qui me semble un peu oublié aujourd'hui).



J'ai toujours très peur de ce genre de circonstances où les protagonistes d'un spectacle me sont trop proches : comment manifester mes doutes, mon questionnement, ma déception parfois, voire mon incompréhension de leur travail sans paraître un rabat-joie jamais content.
Point de souci cette fois. J'ai beaucoup aimé ce spectacle drôle, intelligent, sensible. Dans sa mise en scène, Marine a réussi à éviter les pièges bien réels d'un texte qui lorgne - du moins en apparence - du côté d'Ionesco. Avec ces personnages outranciers dans l'affirmation de leur solitude, de leur mal-être, de leurs peurs, de leurs désirs... et en particulier de leur soif incurable d'aimer, la tentation pourrait être grande d'en faire des tonnes. Au contraire, on est ici dans la retenue, qui laisse une belle place à l'émotion. Coup de chapeau aussi à l'équipe de jeunes comédiens qui nous font partager leur talent et leur plaisir d'être sur scène. Personne ne tire la couverture à soi. Et on sent clairement que les enjeux du spectacle sont bien présents malgré l'apparence de mêli-mêlo absurdien qui n'est qu'une façade.



Ce spectacle confirme (après JOULIKS de Marie-Christine Le-Hûu) le grand talent de Marine Haulot à nous faire découvrir des auteurs québécois. Je le recommande vivement à tous. Il sera à l'affiche à l'Atelier 210 jusqu'au 23 décembre. Mais je lui prédis une bien plus longue vie en tournée.



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