vendredi 4 juin 2010

SIBIU : Du rire intelligent au regard sur la société

Les contrastes sont parfois saisissants au festival de SIBIU. Mais toujours le public répond présent.
Ainsi, ce matin, fidèle à la volonté de servir les écritures contemporaines et le livre (les activités se multiplient ici sur ce plan, et ce n'est pas moi qui vais m'en plaindre !), une anthologie est publiée avec les versions originales et la traduction en roumain... qui est mise en lecture publique dans la cave remarquable d'une librairie du centre-ville.
Ce matin, c'était un texte de chez nous à l'honneur : CETTE VIEILLE MAGIE NOIRE de Koffi Kwahulé. Difficile de savoir si une telle pièce a une chance d'être montée en Roumanie, mais je peux en tout cas témoigner de l'intérêt de la discussion qui a suivi la lecture. J'y ai pris part avec plaisir pour resituer le contexte et la place de cette pièce chez l'auteur.


On me demande souvent comme je fais pour me débrouiller avec la langue roumaine dans de telles situations. Ben... je fais des progrès dans la compréhension lorsque les gens ne parlent pas trop vite. C'est quand même une langue romane, et en plus je ne suis pas tout à fait étranger au sujet abordé. Pour les spectacles, la plupart sont sous-titrés en anglais et puis je peux aussi me reposer sur les indications que me donnent des amis comme Daniela Magiaru, enseignante, traductrice et spécialiste du théâtre de... Matéi Visniec. Merci Daniela !

Côté spectacle, je n'ai pas été emballé par une proposition italienne proche du théâtre action des années 80 en Belgique. Mais les deux comédiens avaient certainement un talent qui pourrait être mieux exploité.
Par contre, le Pyramus et Thisbe 4 you, du théâtre de l'Odeon à Bucarest m'a beaucoup amusé. De l'humour intelligent (malgré quelques longueurs), mais aussi une petite leçon de dramaturgie avec un regard critique sur l'enseignement du théâtre. Quel plaisir de pouvoir diriger une belle et nombreuse équipe de comédiens pour "s'offrir un dessert théâtral" comme celui-là. Je n'en reprendrais pas à tous les repas, mais une fois de temps en temps, qu'est-ce que ça fait du bien !


Plus sérieux par contre le soir, avec 20/20. J'aime voir de jeunes équipes utiliser le théâtre pour parler de problèmes de société qui les touchent. Ici, il s'agit d'incidents entre Roumains et Hongrois qui ont dégénéré dans une ville roumaine. Ces conflits, basés sur de vieilles rancoeurs, sur des préjugés, sur la difficulté de se connaître même entre voisins, donnent un spectacle qui ne tient pas tout à fait la longueur (si les temps de jeu sont captivants, les longs récits diluent l'intérêt, surtout via les sous-titres), mais je n'ai pas du tout regretté ces deux heures dans une friche industrielle.


Et comme de coutume, la soirée s'est terminée par les "mitches" et la bière locale, ici en compagnie de Jean-Louis Collinet, directeur de notre Théâtre National (et accessoirement Carnièrois d'origine tout comme moi), Bernard Debroux, directeur d'Alternatives Théâtrales, et Georges Banu, l'indispensable et omniprésent médiateur pour tous ces gens de théâtre étrangers qui envahissent Sibiu à l'occasion de son festival !

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