samedi 17 juillet 2010

Brecht et Prévert à Villeneuve-en-scène

Les esprits mal informés s'imaginent parfois que, sous chapiteau, les ambitions théâtrales sont plus limitées qu'en salle. Il n'en est évidemment rien. Pour preuve la soirée que je viens de vivre.

Avec HOMME POUR HOMME, la compagnie L'ART MOBILE s'attaque à un texte de Bertolt Brecht. L'épopée d'un homme qui ne savait pas dire "non" et qui se retrouve enrôlé dans une armée qui file vers la mitraille. Une pièce bien connue dans le milieu théâtral mais pas forcément du public. L'intérêt réside donc dans la manière de le traîter pour aller à la rencontre des spectateurs d'aujourd'hui, par monts et par vaux. Et Gil Bourasseau réussit plutôt bien le défi en dépassant les contraintes du plein air. En grossissant ses personnages et les situations sur tous les plans (accoutrements, jeu, mimiques, occupation de l'espace, accessoires...), il éclaire (et réactualise à sa manière) un propos qui utilise le rire pour mettre le doigt sur la déglingue d'une société qui n'est pas la nôtre mais... qui par certaines de ses aspects y fait drôlement penser.


Adapter au théâtre le célèbre film LES ENFANTS DU PARADIS (texte de Prévert) est une singulière gageure que réussit assez bien Frédéric Poty sous un chapiteau sans doute un peu grand pour le projet. Trois comédiens s'emparent de tous les rôles dans un tourbillon un peu fou, dont l'unique pivot est une sorte de porte du temps (et des rêves ?) qui virevolte d'un coin à l'autre de la piste. Si on s'y perd parfois encore un peu dans les personnages (il s'agit d'une création toute récente qui va certainement évoluer dans les détails), il faut reconnaître la prouesse des acteurs qui parviennent à faire passer l'émotion d'une société où l'amour est à la fois le moteur qui permet de dépasser les multiples embûches que la vie sème sous les pas des différents protagonistes... et en fin de compte leur principale cause.
A noter le plaisir de découvrir dans cette distribution la jeune et talentueuse Suzanne Emond découverte par le metteur en scène lors de son passage avec les Baladins du Miroir à Avignon voici deux saisons.

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